samedi 27 novembre 2010

Snap Studios - PART 3 : L'oeuf ou la poule

Traduction du blog de Mark Thompson :

"Ayant trouvé un local remplissant tous nos crières pour y établir notre nouveau studio, il fallait que je me bouge. En ce qui concerne ce type de lieu, la demande dépasse largement l'offre. Je devais donc garder la main sur Snap jusqu'à ce qu'un bail eût été dûment signé, scellé, et délivré. Ma première exigence fut donc de trouver un bon avocat.
Je peux aujourd'hui affirmer -  ceux qui me connaissent peuvent en témoigner, que j'en connais un rayon sur les avocats. En effet, à un moment dans une vie antérieure, j'étais conseiller aux affaires légales au sein d'un petit label dynamique, et conseiller juridique pour nombre de clients pendant des années. J'ai également été escroqué par quelques avocats renommés du milieu musical il y a vingt ans, et j'ai donc appris, à mes dépends, à faire la différence entre un misérable rat assermenté et un bon avocat.

Par conséquent, je me sais chanceux de pouvoir bénéficier des services de Robert Coyle, associé principal de Colman Coyle à Islington, qui est l'un des principaux experts de la propriété dans le pays.
Voici donc ma première règle d'or dans toute entreprise :

Engager un avocat reconnu et honnète. Bien que coûteux, les frais seront maintes et maintes fois amortis.

Snap est détenu par une société de promoteurs immobiliers qui ont acheté la moitié de la rue, dans des temps plus heureux, en vue de gagner des millions à développer le site. La crise du crédit actuelle et des problèmes d'aménagement ont mis un frein à leurs ambitions, d'où leur volonté de se séparer des biens immobiliers, rapidement, et à un prix inférieur au marché. Cependant, mes plans exigent des travaux de reconstruction, d'acoustique et la modernisation du studio, sans parler des coûts d'installation et de communication. En comptant les impondérables, ma comptabilité estime ces différents coûts à £ 60 000 (NDT : un peu plus de 70 000€), un montant raisonnable au regard du caractère ambitieux du projet. Néanmoins, il est fondamental pour celui-ci que j'obtienne un bail  sûr de sept années afin, je l'espère, de pouvoir récupérer ma mise.

Ayant travaillé pendant dix ans avec Robert Coyle, je savais que je pouvais lui faire confiance pour négocier des conditions favorables, et c'est exactement ce qu'il a accompli, et en un éclair ! Un mois pour négocier un bail peut ne pas sembler rapide pour ceux qui ne connaissent pas le système, mais croyez-moi,  en comparaison avec les délais habituels dans ce type de cas, cela s'est réellement fait en un clin d'oeil. D'autant que Robert et moi avions établi une liste de conditions qu'il a négociées avec acharnement jusqu'à obtenir satisfaction, y compris sur la durée minimum, le droit de sous-louer, de céder, et la garantie d'un parachute pour moi après trois ans d'exploitation (ce qui coïncide avec la révision du loyer). Cela signifie la possibilité de lâcher l'affaire si ça ne marche pas, ou si mes bénéfices diminuent de trop par rapport au loyer.

Alors que Robert négociait avec les propriétaires, j'ai mis les bases en place pour la reconstruction. Mes plans ont exigé plusieurs changements majeurs dans la configuration actuelle. La grande Live Room ainsi que la régie seront agrandies, une salle des machines sera construite, un salon privé ajouté, et un bureau / atelier de maintenance intégré. En plus des travaux de construction, des changements dans les réseaux d'approvisionnement et l'agencement ont été nécessaires (voir plus loin), et bien sûr de vastes travaux d'insonorisation et de traitement acoustique devront être effectués.

Je savais quelle équipe je voulais à bord, et après quelques coups de téléphone, j'ai été ravi de les avoir provisoirement sous le coude. Mais la clé de la construction est de faire appel à un gestionnaire de projet efficace et motivé pour superviser le travail.

L'année dernière, j'ai eu le privilège de connaître un talentueux ingénieur et producteur de Bradford, Marco Pasquariello. Un jour, Marco errait chez Funky à la recherche d'un microphone avec lequel enregistrer sa jeune et talentueuse amie Laura Groves. J'ai un instinct étrange pour les gens, et il y avait quelque chose en Marco et Laura qui m'a intéressé. Pour couper court cette longue histoire, je leur ai suggéré d'acheter un Neumann M269 Tube, un micro assez doux, puis je leur ai prêté un de mes préampli /EQ Neve vintage et un compresseur, pour améliorer ces éléments essentiels dans la chaîne audio, surtout pour un album à budget limité. Quatre mois plus tard, l'album terminé, Marco et moi avons conclu un marché concernant le mixage dans mon studio de l'époque (London Sound Laboratory), en échange de la reprise du micro. Les deux semaines prévues se sont transformées en trois puis quatre, mais à cette époque tout le monde chez Funky a été impressionné à la fois par l'application de Marco, et par la qualité de la production.
 Quand l'album a finalement été terminé, la maison de disques (XL) a flashé sur les résultats, un enthousiasme partagé par la presse et la radio, cet album - Blue Roses - a été l'un des mieux reçus cette année. Que cela ait été fait avec un budget dérisoire témoigne des prodigieux talents de Laura et de la compétence de Marco, son travail acharné et ses capacités. Donc je suis resté en contact avec Marco, a qui j'ai d'abord suggéré de venir du Yorkshire pour réorganiser et relancer LSL (London Sound Lab). Mais lorsque le projet Snap  a été mis sur la table, je lui ai proposé une place de chef de projet pour gérer la construction, et ensuite devenir studio manager et ingé / réalisateur maison une fois le projet achevé.


Abstraction faite de l'énergie et l'enthousiasme de Marco, il a une connaissance encyclopédique de la scène musicale contemporaine et représente une nouvelle génération de musiciens et de producteurs que je trouve inspirante. Et il est fondamental que Snap devienne une base pour celle-ci, qui a tendance à trouver les studios intimidants voire repoussants. Je veux favoriser la fraîcheur, les bonnes vibrations, plutôt que les clivages musicaux, de snobisme ou d'élitisme. Je veux qu'on s'y sente comme à la maison pour une nouvelle génération de musiciens qui se mélangent, se rencontrent et qui créeront un autre climat différent de celui, moribond, propagé par l'industrie traditionnelle.

Si mon expérience, le matériel et les ressources peuvent offrir des opportunités pour les musiciens et producteurs en devenir, je serais ravi de laisser ma place à Marco, Adam, Mattia,  et les autres dingues de chez Funky et fournir un lieu où ils puissent forger leur musique pleine d'energie. Ma plus grande satisfaction serait qu'une nouvelle vague de talents britanniques émerge grâce à ce projet. Mais elle aura besoin d'un repaire, et je suis prêt à créer quelque chose de différent, quelque chose qui reflète ce qui se passe dans la rue, plutôt que de la bouillie pré-fabriquée qui a trop longtemps ravagé le monde de la musique au Royaume-Uni.

Bref, assez d'utopies... Allons sur le terrain !"

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